Communiqué de presse
27 février 2020
27 février 2020
L’état daté en copropriété
Un décret incomplet qui fait fi du législateur
Un décret incomplet qui fait fi du législateur
380 € TTC. C’est le montant maximum,
fixé par un décret tout juste publié, qu’un syndic pourra réclamer à un copropriétaire pour la
réalisation de l’état daté, document indispensable en cas de vente.
On a tendance à l’oublier mais cette
mesure résulte en fait de la loi ALUR de 2014. Il aura donc fallu attendre six ans pour que les
pouvoirs publics publient ce texte et fixent un prix qui, finalement, ne satisfait personne, les
professionnels le trouvant trop bas et les associations de consommateurs trop élevé compte tenu de la charge de
travail réellement nécessaire pour la réalisation de l’état daté. Mais, ce qui pose problème n’est pas tant
le plafond fixé (après tout, il aura le mérite de mettre fin à nombre d’abus, certains syndics n’hésitant
pas à facturer 500 € ou 600 € cette prestation), mais ce que le décret ne
contient pas.
Car le plafonnement des honoraires du
syndic ne se limite pas au seul état daté mais également aux frais de recouvrement en cas
d’impayés d’un copropriétaire (mise en demeure, relance...). La loi ALUR le prévoyait clairement
et le Conseil d’Etat l’a rappelé dans un arrêt du 5 octobre 2016. Or, les
pouvoirs publics se sont toujours refusés, malgré les textes et les décisions
de justice, à mettre en
place un quelconque plafonnement des frais de recouvrement.
Pire, à l’occasion de la réforme par
ordonnance du droit de la copropriété, les textes ont été modifiés afin de ne viser que l’état daté et
supprimer toute référence au plafonnement des frais de recouvrement. Sur ce
point, on notera que le rapport fait au président de la République et accompagnant l’ordonnance ne contient
aucune précision à ce sujet, se contentant d’indiquer que «
seuls les honoraires et frais perçus par le syndic au titre [...] de l’état
daté [...] font l’objet d’un plafonnement de leur montant fixé par
décret ». À aucun moment
la notion de frais de recouvrement n’est
abordée, de peur de nommer l’indicible. Un moyen de revenir le plus
subrepticement possible sur une mesure votée par le Parlement.
Le plafonnement des frais de relance
et autres mises en demeure paraît donc enterré. Si les professionnels ne s’en plaindront
sûrement pas, vu qu’ils pourront continuer à facturer 30 ou 40 € un simple recommandé, les
copropriétaires eux, se voient privés d’une protection nécessaire contre les abus des syndics. Le législateur
avait bien compris l’utilité d’une telle mesure. Ce n’est pas le cas des pouvoirs publics qui ont privilégié l’intérêt des
professionnels à celui des consommateurs. Le Parlement
appréciera certainement cette façon de faire et le respect qui lui est ici
accordé.
La CLCV demande donc à ce que
les frais de recouvrement des syndics soient enfin encadrés, et ce au plus
vite.
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